Le site de Hanford, établi en 1943, avait à l’origine comme mission de produire du plutonium pour la défense nationale. Les opérations de fabrication des matières premières pour les armes nucléaires se sont poursuivies jusqu’à la fin des années 1980. Les déchets de ces opérations représentent une menace pour la santé humaine et l’environnement, notamment le fleuve Columbia. En 1989, la mission d'Hanford est devenue la gestion des déchets et la décontamination de l’environnement. Près de 212 000 mètres cubes de déchets, issus de la production de plutonium, sont stockés dans 177 réservoirs souterrains à Hanford, chacun ayant une contenance comprise entre 208 et plus de 3 785 mètres cubes.
L’Office of River Protection (ORP) du DOE est chargé du stockage sécurisé des déchets, de leur traitement futur et de leur transport jusqu’aux installations homologuées. Le laboratoire 222-S est une installation cruciale pour l’ORP.
Le laboratoire a plusieurs rôles, notamment celui de tester la compatibilité et les caractéristiques physiques des déchets en vue de leur transferts entre réservoirs. Mais aussi d’étudier le taux de corrosion, d’effectuer des essais chimiques pour soutenir l’inhibition de la corrosion des réservoirs et celui de fournir des données pour les spécifications techniques de l’évaporateur 242-A. Il étudie également les caractéristiques physico-chimiques des déchets qui, pour leur récupération, fournit des données respectant la réglementation de fermeture des réservoirs et soutient le programme de “zone non saturée”. Très prochainement, le laboratoire analysera également des échantillons de déchets issus des réservoirs provenant du système d’élimination du césium, pour veiller à ce que les déchets remplissent tous leurs critères d’acceptation.
Outre l’ORP, le laboratoire soutient également d’autres sous-traitants et projets d'Hanford, tels que le projet de combustible nucléaire usagé (Spent Nuclear Fuel Project) et le projet de fermeture du plateau central (Central Plateau Closure Project).
Cette année, le DOE a versé à VNSFS 98 % de sa bourse annuelle pour les opérations du laboratoire, en mentionnant les considérables améliorations apportées à l’exploitation du laboratoire « par l’adoption de nouvelles démarches de gestion de projet, l’identification et la résolution de problèmes affectant la qualité, l’amélioration du programme de maintenance des instruments d’analyse, l’utilisation élargie de la lecture automatisée à l’aide de codes de barres et l’identification d’améliorations à apporter aux processus d’analyse des échantillons et de gestion des déchets. »
La communication et la sécurité sont essentielles
Près de 10 000 échantillons de déchets y arrivent chaque année (une cinquantaine par jour ouvré) et 25 000 analyses environ y sont réalisées (environ 120 par jour).
Le laboratoire 222-S est une installation de 6 500 mètres carrés offrant un large éventail de services. A l’intérieur, des échantillons extrêmement radioactifs sont manipulés pour effectuer des analyses organiques, inorganiques et radiochimiques. Il contient 11 cellules chaudes, ce qui lui donne la capacité de manipuler à distance des échantillons hautement radioactifs de déchets, tout en minimisant la dose de radiation pour les travailleurs. Le complexe comporte plus de 100 pièces d’équipement d’analyse, 156 hottes d’aspiration et 46 manipulateurs.
Chaque journée commence par une réunion de l’équipe de direction de VNS - FS à 6 h 30, qui fait le point sur les projets, annonce la maintenance et les réparations des équipements et insiste sur la sécurité des membres de l’équipe. Les chefs de service se réunissent dans tout le complexe avec leurs équipes pour leur transmettre les points importants du jour.
La devise « 222-S, Where Safety is Not an Experiment »( Au 222-S, la sécurité n’est pas une expérience) figure en haut des consignes d’exploitation quotidiennes distribuées pendant les réunions du matin, rappel constant que la sécurité est primordiale dans toutes les opérations du laboratoire.
La responsable du programme d’hygiène, sécurité et environnement du laboratoire, coordonne et mène la communication autour de la sécurité avec tous les membres de l’équipe. Elle accomplit cette tâche importante de bien des façons : fiches hebdomadaires de sécurité contenant des informations et des conseils relatifs à la sécurité au laboratoire et à domicile, réunions mensuelles du “Comité zéro accident” menées par les employés pour discuter des inquiétudes et initiatives en matière de sécurité, programme récompensant les employés pour des actions sécurisées et campagnes ou concours de sécurité trimestriels...
Cette communication fréquente et ouverte entre la direction et les employés a été l’une des principales raisons citées par le DOE pour renouveler la certification du laboratoire 222-S en tant que « site étoilé » du VPP fin 2018. Le programme de sécurité du laboratoire comporte un « élément fort d’implication des employés », indique l’Office of Environment, Health, Safety and Security du DOE dans son rapport d’examen du site. « Les managers poussent les employés à participer aux programmes d’hygiène et de sécurité en collaborant avec eux et en appliquant des initiatives qui maintiennent des voies de communication ouvertes et défendent une compréhension claire des responsabilités en matière d’hygiène et de sécurité. »
Une journée type
Le travail d’échantillonnage au laboratoire 222-S commence toujours par un document, le plan d’échantillonnage et d’analyse du réservoir (TSAP). Nos experts regardent l’historique du réservoir, le nombre d’échantillons, d’où ils proviennent et la raison pour laquelle des tests doivent être effectués.
Chaque coordinateur de projet travaille étroitement avec un chimiste pour compléter le TSAP. Avant de pouvoir être analysé, chaque échantillon doit être préparé selon des exigences précises.
Le liquide résiduaire des réservoirs arrive dans la zone des cellules chaudes du laboratoire en petites boîtes métalliques rangées dans des coffres jaunes. Pour les ouvrir, nos spécialistes utilisent des bras téléopérés pour dévisser le couvercle des bouteilles, verser les échantillons dans des béchers et déplacer les contenants dans la cellule. Ils divisent alors l’échantillon selon les indications exactes du TSAP, avant de placer chacun d’eux dans un support blindé individuel et de les pousser vers la porte de la cellule chaude où un chimiste les attend. Une fois que les échantillons quittent les cellules chaudes, les chimistes et techniciens spécialistes réalisent tous les essais (radiochimiques, organiques et inorganiques) décrits dans le TSAP.
Le but de tout cet échantillonnage et de ces analyses effectués au laboratoire 222-S est d’aider le DOE à déterminer exactement la nature des déchets présents dans les réservoirs souterrains d'Hanford, leur évolution et la durée pendant laquelle les réservoirs résisteront.
Le DOE prévoit de pomper tous les déchets des réservoirs jusqu’à une installation de vitrification sur place. Les déchets vitrifiés seront placés dans des contenants en acier et déplacés sans danger.
Le laboratoire 222-S devrait fonctionner au moins jusqu’en 2030 en appui de la mission d’assainissement d'Hanford.