"Nous avons progressé sur la maîtrise de procédés de décontaminations sûrs et efficaces"

Farah Chahma est Directrice de site en charge des activités de Centraco (site de traitement de Cyclife une filiale à 100% d’EDF) pour Veolia Nuclear Solutions. Ingénieure nucléaire, elle nous livre son point de vue d’experte en marge du débat sur le Plan National de Gestion des Matières et Déchets Radioactifs (PNGMDR).

En qualité d’ingénieure nucléaire, Directrice de site en charge des activités de Centraco pour Veolia Nuclear Solutions, quelles sont vos missions au quotidien ? Comment mettez-vous en oeuvre vos compétences et savoir-faire au service des clients de Veolia ?

Centraco se situe dans le cycle de démantèlement des centrales nucléaires. L’unité de fusion de Centraco a pour mission  de valoriser les déchets métalliques de faible activité à vie courte afin de réduire leur volume ultime à stocker.  Précisément, la ligne de fusion peut traiter jusqu’à 2000 tonnes par an de métal avec l’objectif de diviser d’un facteur 10 le volume des déchets entrants. Le procédé de fusion est adapté aux déchets métalliques et au traitement des gros équipements nucléaires qui sont principalement composés de métal.

Au quotidien, avec mes équipes, j’utilise plusieurs compétences techniques indispensables pour mener à bien mes missions. A commencer par la radioprotection : nous devons réaliser nos interventions en appliquant une démarche de radioprotection optimisée dite ALARA (As Low As Reasonable Achievable) et des dispositifs conséquents en matière de sécurité et de sûreté. L’exploitation du four de fusion requiert la maîtrise d’un certain nombre de paramètres : certains métaux tels que le plomb ne peut pas être envoyé en fusion. Il faut donc pouvoir être à-même de trier et d’orienter le déchet vers la solution la plus adaptée. En qualité de manager, je pilote un site sur lequel travaille une cinquantaine d’intervenants dont une trentaine sur l’installation du procédé de fusion. Il faut donc faire en sorte que tout le monde puisse travailler ensemble dans les meilleures conditions possibles afin de respecter nos engagements contractuels. Mon rôle est également de faire monter les collaborateurs en compétences sur des métiers spécifiques tels que la découpe, le contrôle ou encore la mise au gabarit des déchets afin de maîtriser notre expertise en matière de déchets. 

 

Pouvez-vous nous parler du traitement des métaux et notamment le procédé de fusion pour les pièces métalliques ?

Les déchets métalliques de faible activité à vie courte sont réceptionnés sur l’installation de Centraco. Une première étape de prétraitement consiste à vérifier le respect des spécifications techniques, à savoir les caractéristiques métallurgiques et radiologiques des déchets. Une mise au gabarit est réalisée par les équipes de Veolia Nuclear Solutions via l’utilisation de divers moyens de découpe (lance thermique, découpe au plasma, cisaille) et ou de compactage. Une fois les déchets contrôlés, conformes et mis au gabarit attendu, les charges préparées sont envoyées dans le  four de fusion de 4T (four à induction). 

Les déchets métalliques sont alors fondus afin de constituer des bains homogènes et conformes aux  autorisations d’exploitation. Les produits sortant du four de fusion sont soit des lingots constituants les colis ultimes à stocker soit des viroles de protection radiologiques réutilisés sur le parc nucléaire. Les volumes des déchets sont alors réduits d’un facteur 10 avec une partie revalorisée.
 

Comment garantissez-vous aux clients et partenaires de Veolia Nuclear Solutions les meilleures technologies adaptées à leurs besoins, et la sécurité en toutes circonstances ?

Les compétences pluridisciplinaires de Veolia sont notre atout principal. Notre valeur ajoutée historique est incontestablement la maîtrise du cycle de vie des déchets conventionnels. Au travers des activités de Veolia Nuclear Solutions, nous avons su transposer cette expertise au service de la gestion des déchets radioactifs et des exigences de nos clients dans le domaine du nucléaire. Nous amenons ainsi les bonnes pratiques issues de notre large gamme d’expertises afin de garantir des conditions d’intervention optimales et une qualité de prestation qui font notre réputation auprès des acteurs du secteur. Systématiquement, avant toute intervention, nous analysons les besoins du client afin de mettre en place des solutions adaptées. La sécurité est notre premier objectif : personne ne vient au travail pour se blesser. La technicité de nos activités implique une parfaite maîtrise des risques, ce qui nécessite une rigueur en matière de sûreté aussi bien pour nos collaborateurs, nos clients que pour l’environnement. L’objectif est de ne déplorer aucun accident. 

 

En Europe, des techniques sont mises en oeuvre afin de permettre le recyclage de certains déchets issus des activités nucléaires, comme les déchets métalliques, en garantissant par des procédés sûrs et des contrôles rigoureux l’absence d’impact sanitaire. Qu’en est-il de la notion de seuil de libération des déchets en France?

Dans les années 1980, la France a mis en place une politique énergétique visant à construire un parc nucléaire conséquent avec l’avantage d’avoir un seul exploitant sur le territoire, ce qui n’est pas le cas des autres pays. En matière de communication publique, peu d’information a été fourni sur la gestion des déchets nucléaires. Le grand public n’a pas forcément toutes les clés en main pour bien comprendre les tenants et les aboutissants d’un tel sujet. Grâce à l’évolution des techniques et des technologies, nous avons considérablement progressé sur la maîtrise de procédés de décontaminations sûrs et efficaces. Dans une centrale nucléaire, il n’y a pas que les réacteurs, il y a également les circuits annexes, des bâtiments secondaires... Aujourd’hui, tout déchet provenant d’une zone à “déchet nucléaire”, c’est à dire présentant un risque de contamination, est pris en charge dans une filière nucléaire, et ce, quelle que soit sa radioactivité ou son niveau de contamination. Or, les experts estiment que 30 à 50% des déchets très faiblement actifs auraient des niveaux de radioactivité nuls ou non détectables. Ces déchets-là pourraient sous certaines conditions être sortis du cycle nucléaire pour être orientés vers un cycle conventionnel de traitement ou de recyclage des déchets. Nous y gagnerons d’un point de vue gestion des volumes des déchets à traiter. Aujourd’hui, avec 9 centrales en cours de  démantèlement, les volumes produits sont encore faibles. Mais demain, si la moitié du parc français est amenée à être démantelée, ça va nécessairement multiplier le volume des déchets, et notamment ceux d’origines métalliques, à gérer. Reconsidérer la nature et la typologie des déchets permettrait de limiter l’engorgement des filières de traitement et limiter les coûts de démantèlement. Il ne faut pas faire l’économie d’un vrai débat sur la gestion des déchets radioactifs avec les différentes parties prenantes françaises afin de déterminer quel est le plan de démantèlement des centrales, quelle est la masse de déchets à gérer, quels sont les différents types de déchets à traiter selon leurs classifications ou encore quelles sont les technologies disponibles pour les traiter. Veolia maîtrise la chaîne de valeurs du traitement des déchets grâce à des technologies et solutions éprouvées.

En savoir plus :

Veolia Nuclear Solutions intervient dans la gestion de plusieurs contrats sur le site de CENTRACO, pour le compte de CYCLIFE d’EDF.